SOUVENIRS DE NOËL

Publié le par La Vie Nature

Il était une fois…
trois jours avant Noël 


boule1.jpg
 
 
 
Comme tous les ans, c’était l’effervescence…. nous avions chacun nos tâches spécifiques : il fallait avoir le 1er prix, exceller, étonner, surprendre.
Ma mère était allée chercher au grenier la boîte longue en carton tressé, nous étions le 22 décembre, c’était le jour J, pas question de faire la crèche avant ou après, tradition oblige ; les juges passeraient après Noël, on aurait donc le temps de fignoler mais… non, disait Maman, c’est toujours le 1er jet qui donne raison ; il faut que ce soir notre crèche soit la plus belle.
La plus belle du village…. L’an dernier la 1ère place nous avait échappé de peu…. Je me souviens c’était à cause du « Ravi » il n’était pas sur le pont, mais près de la rivière…. C’est sûr, c’était pour ça….
Alors du matin, avec ma sœur nous sommes allées chercher de la mousse, des branches de cyprès, des petits galets ronds et plats qui recouvraient l’avant terrasse de la maison. Mon petit frère était chargé de ramasser des feuilles de platane, et de les mettre à sécher près de la cheminée. Quand à mes grands frères, ils avaient la lourde responsabilité de la terre et du
ciel. Je les enviais : dessiner puis découper dans le papier doré les étoiles de tailles différentes, Cette année, la lune allait elle être  pleine ou en croissant…. ?
Et dès le début de l’après-midi, l’on se retrouvait tous autour de Maman, devant le meuble « suisse » il n’avait de suisse que le nom, je ne sais pas pourquoi ; mais je n’ai jamais vu ailleurs un tel meuble : il était en 2 parties qui formaient deux niches, pas à la même hauteur, mais surtout ce qui m’émerveillait c’était qu’il était entièrement sculpté. A mon grand désarroi, la 1ère chose que faisait Maman était de cacher les sculptures avec le papier sur lequel mes frères avaient projeté de la peinture noire, verte ou marron pour faire « paysage » !
 Sous le papier, pour faire le relief, on allait chercher dans la remise, le vieux dictionnaire, le missel de  tante Paulette qui ne servait qu’à cette occasion, et la boîte vide qui, mise debout, encapuchonnée de papier allait devenir la grotte. Le papier froissé, était ordonné sur les 2 parties du meuble par la main experte de Maman, Cette année-là encore le paysage était différent… mes frères ont pris le ciel et l’ont glissé en haut de la montagne et mis en place jusqu’en haut des niches. Mon cœur commençait à battre, il me semblait que je voyageais déjà… on a disposé les étoiles, la lune…. 
--toile1.jpg
Puis avec ma sœur, fière, j’ai soulevé le panier vers Maman qui a pris les branches du cyprès, et les a enfilées là-bas contre le ciel ; rien que des les toucher,l’odeur m’enivrait, puis elle disposait la mousse un peu partout, puis ce fut le tour des galets, un peu de coton tiré pour faire la cascade entre les deux montagnes,  et c’est à ce moment-là que mon cœur battait : je ne pouvais m’empêcher de reculer, de voir le paysage en retrait, de sentir ce bout de pays qui venait de naître, là, grâce à nous, chez nous, les odeurs, les sensations revenaient, pareilles à celles de l’année précédente mais pourtant toujours différentes
Les autres, qui ne voyaient pas mon émotion, étaient eux, surexcités, vite, il fallait mettre les santons…. Maman solennellement ouvrait la boîte, on ne voyait que des petits paquets roulés dans du papier journal. On savait que seule Maman avait le droit de déballer mais si des fois cette année, on avait pu…. Alors chacun on avançait la main, on touchait ce trésor, ne serait-ce que pour deviner… 
Reculez, attention de ne rien casser.

creche1.jpg

Et là, c’était le silence, les cœurs battaient comme si l’on voyait pour la 1ère fois de  notre vie :
La porteuse d’ail, le chasseur, les bergers, le tambourinaïre, la marchande de poissons,  la porteuse d’eau, les moutons, le maire, le pécheur, la fontaine, le moulin, la branche de thym sèche à souhait qui allait être bien placée près de la fontaine en guise d’olivier, le pont et le ravi.
Certes, c’était Maman qui, de sa main experte et adroite de Maman, posait les santons mais c’était à nous, de nous mettre d’accord pour l’endroit exact.
Devant nos yeux effarés, le paysage prenait vie, le chasseur sortait des branches des cyprès, le ravi était sur son pont les bras levés, imperturbable, la porteuse d’ail trônait au milieu en bonne place, comme toujours, ce santon là  disait Maman, quand j’étais petite il était déjà centenaire.
En dernier, l’on mettait la sainte famille, là, c’était moins intéressant car la disposition était toujours la même.
Chacun on se reculait, on s’avançait, on comparait, on faisait changer à Maman qui, patiemment mettait à gauche ce qui était à droite, rallongeait un peu la cascade où mettait le tambourinaire plus près de la grotte.
Et c’est quand ils étaient tous installés que l’on prenait dans la boîte les coquillages. Je n’ai jamais compris comment de si gros coquillages pouvaient s’insérer dans ce paysage, pourtant ils ont toujours faits partie du décor, indispensables, c’était papa qui les avait rapportés de ses voyages dans les îles, pour moi, qu’importe d’où il venait, je les prenais et écouter la mer….
On attendait le soir, le retour de papa car lui, il avait en charge de fabriquer les bougeoirs : au dessert, c’était lui, ce jour-là, qui enlevait la peau des mandarines que nous mangions : délicatement, il les coupait en deux, enlever le fruit, faisait dans la partie haute, un trou, en haut et dans l’autre, il mettait une petite bougie d’anniversaire. Il fallait faire quelques essais mais je me souviens que c’était toujours réussi. Tous ensemble, l’on disposait les mandarines reconstituées sur les feuillez de platanes séchées,  et on allumait. C’était beau, l’on restait sans voix, comme recueilli, puis le parfum âcre de la peau de mandarine chauffée s’installait dans le salon et les yeux brillaient.
Cette année, c’est sûr, l’on allait gagner.
 
 
  Magali  


noel5-copie-1.jpg
 
 
 
 
 
 
Je me souviens de 
ces Noëls d'un autre temps...


J’ai encore un peu de mal à réaliser que Noël est dans trois jours. Et pourtant les questions des enfants se font plus pressantes tandis que dans leurs yeux de petites lumières scintillent. “Dans combien de jours va-t-il passer?” “C’est demain?” Non! Encore un peu de patience… Et me voilà replongée dans l’atmosphère merveilleuse de mes Noëls d’autrefois.
 
J’aimerais tant éprouver à nouveau cet immense bonheur, cette impatience fébrile, ces jours trop longs d’attente où l’on imagine que tout est possible et que nos envies et désirs les plus fous se réaliseront enfin.
 
Je me souviens de ces Noëls d’un autre temps.
 
Tous nos sens en émoi, nous attendions sa venue et nous tachions d’être sage comme des images pour ne pas risquer de l’offenser et voir nos espoirs réduits à néant…
 
Nous avions la chance, mes frères et moi, tous les ans de passer un vrai Noël en famille avec nos parents, et nos grands parents paternels et maternels. C’était dans la maison du sud, celle de mes vacances d’enfant. Celle où nous nous retrouverons cette année, mes frères et moi autour de ma grand mère maternelle. Les années ont passé et certains être chers se sont envolés.
 
noel6.jpg
Mes grands parents paternels, les premiers à qui je n’ai pas eu la chance de présenter mon cher et tendre époux et qui n’ont pas eu la joie de connaître mes deux amours aux grands yeux bleus.
 
Je pense que ma grand-mère au regard si bleu et aux joues si douces les aurait adorés. Mes grands parents paternels étaient instituteurs et je me plais à penser au travers des récits de mon père qu’ils ressemblaient aux parents de Marcel Pagnol tel qu’il les décrit dans ses souvenirs d’enfance. D’ailleurs mon père s’appelle Marcel et il mène le langage à la façon de Pagnol…  
 
Il nous a donné le goût des livres et pour ma part l’amour des mots, j’en suis convaincue… Je me suis perdue enfant avec passion dans des centaines de livres et d’aventures qui m’ont fait rêver et c’est pour cela que je n’ai jamais arrêté.
 
Mon grand père maternel lui est parti cet été après une longue et belle vie auprès de sa douce. C’est le grand père de tous mes souvenirs d’enfance. Il avait un atelier d’ébéniste qui nous faisait rêver, empli d’outils, et de tout un bric à brac qui nous permettait de créer une foule d’objets au gré de nos envies. Nous étions petits et nous pouvions manier sans interdictions aucunes marteaux, clous, scies, ciseaux à bois, perceuses, rabots pour confectionner des boîtes à merveilles, des meubles de poupées, des pièges à insectes et plus tard tout le décors miniature d’un circuit de trains électriques. C’était lui aussi qui trouvait de l’eau à l’aide de son pendule pour notre plus grand émerveillement, lui encore qui nous emmenait dans des parties de pêche dont nous rentrions toujours bredouille… et bien d’autres choses encore…
      
 
Je rêve de ces sensations de mon enfance qui sont encore si présentes en moi. Mon plus grand espoir est que nos enfants éprouvent ce plaisir intense des Noëls de nos souvenirs. Et que leurs jeunes sens se laissent imprégner à jamais de ces instants délicieux.
 
sapin6-copie-1.jpg

Noël, c’est bien sur la vue qui est comblée par le décor de la maison. Le sapin paré de rouge et d’éclats de cristal domine le salon à la même place que dans mes souvenirs. Je me souviens de cette guirlande à petites fleurs multicolores et de celle aux lampions chinois. La crèche et ses sentons de cire s’est réfugiée sur le coffre de l’entrée dans son décor de papier rocher. Ma crainte d’enfant était de les imaginer fondant à la chaleur des petites bougies. La table a revêtue sa parure de fête.
 
Je souviens des odeurs de Noël. Le sapin et son parfum de résine. La fumée d’une bougie qu’un courant d’air a soufflé. Les mets délicieux prévus pour le réveillon et préparés avec patience et amour. Un foie gras truffé, un chapon rôti et dorée à point et ses cèpes aux senteurs de fines herbes et d’ail, un dessert au chocolat…
 
Ah le chocolat! Dans mes souvenirs d’enfant, je revois des multitudes de boîtes de chocolats. Des boites immenses aux reproductions de tableaux anciens. On soulevait le couvercle et là, une nuée de petites bouchées pour un instant de plaisir…
 
     
 
       Je pense aussi aux treize desserts de Noël de la tradition provençale. Une jolie description dans les souvenirs d’enfance du petit Marcel Pagnol. Ses Noëls à la bastide neuve me faisaient rêver lorsque je les lisais dans mon enfance…
 
 
 
 Et puis il y avait les chants de Noël que nous reprenions en choeur…
 
Et enfin l’attente, la dernière nuit où l’on veut s’endormir très vite pour se réveiller encore plus vite et enfin découvrir si nos petits souliers n’ont pas été oubliés…
 
Ah! mes Noël d’autrefois, comme ils étaient bons…
 
Demain la petite fée s’envole vers la maison du sud pour quelques jours de vacances bien mérités…       


noel3-copie-1.gif
 
 
 
 
Deux souvenirs vivants de noëls bien réels où nous réinventions la magie.…
Et pour vous, c’était comment,”l’avant-noël?”
 
 
sapin7.jpg
 

Publié dans Société

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article