Le serpent

Publié le par La Vie Nature

Le serpent

 

Non loin d'un chemin fréquenté, se tenait un serpent redoutable qui piquait à mort tous ceux qui passaient près de lui. Les habitants allèrent en délégation auprès d'un sage pour se plaindre de la férocité de l'animal qui n'avait nullement besoin de tous ces meurtres pour survivre.


Le sage se rendit auprès du serpent et réussit à se faire entendre de lui. Longuement, l'homme respectable fit sa remontrance à l'animal et lui expliqua qu'on ne trouvait aucune justification à sa conduite.


Le sage trouva des paroles si profondes, des images si fortes, que le serpent fut bouleversé. La lumière se fit dans son cœur et il jura qu'il ne tuerait plus inutilement, qu'il serait un autre serpent.
Et il tint parole.


Le terrifiant reptile devint une sorte de long ver flasque, maigre, dépourvu de toute énergie, qui n'osait même plus avaler un insecte. Les villageois se moquaient de sa faiblesse et disaient, vite oublieux du passé : à  quoi bon être un serpent ? A quoi bon ce venin et ces crocs ? Quant aux enfants, ils lui jetaient des pierres en riant.


Après quelque temps de cette vie d'abstinence, où la satisfaction de l'esprit et la paix du cœur ne parvenaient pas à contrebalancer l'extrême faiblesse du corps et toutes les blessures reçues, le serpent réussit à se traîner jusqu'à la cahute du sage, à qui il raconta sa situation nouvelle :


- J'ai fait tout ce que tu m'as commandé, dit le serpent. J'ai renoncé à ma vie criminelle. Mais j'ai l'impression de n'être plus moi-même, car je ne soulève plus la peur dans le cœur des gens. N'étant plus craint, on  me méprise et on me bat. Je me sens malheureux. Que peux-tu me dire ?


- Ce que je peux te dire est bien simple, lui répondit le vénérable. Je t'ai interdit de piquer à mort sans raison et de t'attaquer à n'importe qui. Mais t'ai-je interdit de siffler ?

Publié dans Rendez-vous conte

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