Quelques lignes à savourer

  

réflexion                       par Fabienne Verrier

Quelques lignes à savourer…

Il y a des mouvements- des accents, des surprises- dans la musique de Mozart qui me font éclater de rire, littéralement de rire comme devant une pirouette, un pied de nez, un mot d’enfant.

C’est l’imprévu que j’espère, et lui seul. Partout, toujours. Dans les plis d’une conversation, dans le gué d’un livre, dans les subtilités d’un ciel. Je le guette autant que je l’espère. Ce à quoi je ne m’attends pas, c’est cela que j’attends.

Une lecture des Évangiles, pour peu qu’elle est en elle assez de lenteur, réveille dans ces paroles préoccupées du ciel une louange du corps et de la vie fragile. Le clapotis des eaux du lac de Tibériade, les poissons que l’on cuit, le pain que l’on sort des corbeilles, le vin qui danse au fond des coupes, et dans saint Luc, cette merveille, une phrase qui fait voir et entendre:”Ils arrachaient et mangeaient des épis en les froissant dans leurs mains.

Extraits du livre de Christian Bobin ”Autoportrait au radiateur”

(ed Gallimard ,collection Folio)