Couple et enfant : une histoire d'équilibre

Publié le par La Vie Nature

Couple et Enfant : une histoire d'équilibre

Couple et Enfants

Par Maria Prévost

Comme beaucoup d’entre vous, lors de la nouvelle année j’ai appelé mes amis pour leur présenter mes voeux. J’ai été particulièrement attristée par la nouvelle de la séparation d’un couple d’amis de 30 ans, mariés depuis 5 ans et parents d’une petite fille de 4 ans. Lorsqu’ils n’avaient pas d’enfants c’était un couple qui semblait heureux, plein de projets. Visiblement l’enfant, le quotidien et les obligations ont érodé leur amour. D’autres conversations avec certaines copines ici m’ont amenée à me poser des questions sur la difficulté de trouver un équilibre essentiel entre sa vie de couple et son rôle de parents.


Passer du statut de conjoint à celui de parent....ce n’est pas si simple...

Il n’ y a pas si longtemps le couple se choisissait dans le but de fonder une famille, on se voyait d’emblée comme parent et en second lieu comme conjoint. Aujourd’hui, c’est l’inverse. On se choisit par affinités sexuelles : on dit “il me plaît bien “ au lieu de “ il fera un bon père”. Ce type de choix des conjoints influe lourdement sur le devenir de la famille. Les liens entre conjoints fondés sur les affinités sexuelles sont si instables dans le temps qu’ils résistent mal à la tourmente du devenir parent. Actuellement, passer du statut de conjoint à celui de parent donne lieu à de si fortes impasses que les familles se séparent bien souvent après le premier enfant ou le second. Avoir un enfant oui ... mais pour quelles raisons ?...Parler de maternité et de paternité responsables présuppose que la vie conjugale est satisfaisante et qu’il n’y a pas d’ambiguïtés dans le désir d’avoir un enfant. Ainsi pour combler la déception relative de voir son mari autrement qu’elle l’avait imaginé, une jeune femme peut avoir envie d’un bébé pour projeter sur lui ses espoirs déçus; pour échapper à une femme trop possessive un homme rêve de lui faire cadeau d’un bambin bien accaparant qui lui laissera un espace de liberté. Si le désir d’enfant est souvent un désir commun il ne correspond pas toujours aux mêmes attentes. Dans le désir d’enfant, chacun exprime des motivations plus ou moins conscientes, plus ou plus dicibles.

Devenir parent...tout un travail...

Un couple a beau avoir un désir commun d’enfant, devenir mère n’est pas devenir père et réciproquement bien sûr. La vie conjugale s’organise autour de la différence “homme-femme”, à celle-ci va s’ajouter la différence “Pere-mère” quand naît un enfant. Certains hommes, maris charmants voire un peu effacés deviennent des pères autoritaires et exigeants... une jeune femme insouciante en couple peut devenir une mère angoissée et hyper protectrice... La question est : quelle place va-t-il rester à la relation de couple si chacun s’investit trop exclusivement dans ce nouvel attachement ? La rivalité et la jalousie ne sont pas rares. Nous les voyons ressortir bruyamment quand il y a séparation du couple : “ Ma femme ne s’occupait plus de moi”.
L’arrivée de l’enfant fait ressortir en chacun des membres du couple sa propre histoire, selon les identifications qui lui ont permis de construire son idéal parental. Ainsi, la femme désire trouver en son mari un père qui aurait toutes les qualités qu’elle a appréciées chez son père, et pas les défauts ni les manques dont elle a souffert ; l’homme désire que sa femme devienne cette mère idéale qui aurait toutes les attitudes qu’il aime chez sa mère et surtout pas celles qu’il ne supporte pas. C’est pourquoi pour aider son conjoint à accéder à son rôle parental il est utile de connaître et de comprendre sa famille, les modèles qui lui ont servi à construire ses images parentales.

Au projet initial du couple (s’épanouir dans son identité d’homme et de femme par et dans son amour) s’ajoute celui de s’entraider mutuellement à devenir des parents. Alors commence la longue marche des parents.
L’enfant que le couple voit au début comme un “toi et moi merveilleux” devient “lui” pour exister et parfois se transformer en la caricature du “toi et moi réunis”. Ainsi on entend parfois l’un des parents dire à l’autre “il est plus têtu que toi et moi réunis”. L’enfant peut parfois devenir un étranger, hostile, un adolescent fuyant, provocant, mal dans sa peau ou même un adulte meurtri, aigri, désespéré. Tout cela est loin de l’image idyllique du joyeux bébé et ce peut être un temps d’épreuve pour les parents.

Comment résister aux mésaventures possibles de la parentalité et limiter les conséquences conjugales


La souffrance d’un enfant mal dans sa vie, quel que soit son âge, fait souffrir ses parents et fait naître en eux une grande culpabilité. « Qu’est ce que nous avons fait ou pas fait pour qu’il en soit ainsi ? »

Question lancinante bien destructrice pour le couple car le “A qui la faute?” sous jacent, va réveiller en chacun de vieilles blessures et provoquer des conflits qui fragilisent le couple dans une période où il a besoin d’être fort.

Quand l’enfant ne renvoie plus au couple une bonne image, quand à plus fortes raisons il blesse; ne juge-t-on pas l’arbre à ses fruits ? Le couple se doit d’entretenir lui même sa bonne image et de trouver d’autres sources de satisfactions et de gratifications; Ainsi, certains couples, dont les difficultés avec un enfant, envahissent complètement le champ de leur relations, les conduisent à la rupture. Ces difficultés vécues par les enfants remettent en cause l’éducation reçue et culpabilisent la famille. Cette culpabilité repose en grande partie sur une illusion pernicieuse : celle de la toute puissance parentale. Si un petit enfant a besoin de croire en cette toute puissance des adultes, que les parents n’entretiennent pas une telle croyance chez lui en se pensant toujours plus ou moins responsables de ce qui arrive à leur enfants. Car la réussite comme les échecs des enfants n’appartiennent pas aux parents même s’ils se sentent solidaires.

Par contre ce qui leur appartient c’est de faire vivre leur couple, base de leur famille. Ce que les enfants même adultes demandent à leurs parents c’est la fiabilité et la solidité de leur couple. Si souvent ils essaient de profiter de failles possibles, de divergences inévitables et de provoquer ainsi des disputes et des discussions entre leurs parents, peut être est-ce une façon de s’assurer que derrière la craquelure de la parentalité il y a une conjugalité qui tient le choc.


Quelques pistes pour “faire vivre” son couple

Il est absolument nécessaire que le couple existe et manifeste son existence au sein de la famille. Il importe de créer symboliquement des espaces d’intimité pour le couple. Ces espaces doivent être précisément délimités dans l’espace et dans le temps. Ainsi par exemple on imposera une heure à partir de laquelle les enfants sont censés regagner leur chambre et laisser le champ libre aux parents afin que ces derniers puissent construire un espace d’intimité. Parallèlement, on veillera à ce qu’un espace parental soit clairement identifié par les enfants dans la maison. Cet espace est de principe réservé aux parents et ces derniers n’y reçoivent symboliquement les enfants que sur invitation (cela aidera d’ailleurs les enfants à structurer leur propre notion d’espace).

Couple et Enfants

D’une manière générale on s’efforcera de faire comprendre aux enfants qu’il existe un monde propre aux parents et que ces derniers y ont droit en tant qu’adultes. Pour joindre la pratique aux discours, on habituera dès que possible les enfants à des sorties régulières menées en couple. Ces dernières permettront non seulement à l’enfant de s’habituer progressivement à l’absence de ses parents mais lui signifieront également que l’amour de ces derniers est toujours vivant.

En terme de comportement il est extrêmement formateur pour l’enfant (pour la construction d’une image idéale de son futur rôle d’adulte) que les manifestations publiques de tendresse dans le couple bénéficient d’une certaine visibilité.

En conclusion, quand on décide de fonder une famille avec des enfants, il faut bien connaître ses propres motivations et celles de son conjoint, voire se demander si l’autre fera ou non un bon parent et le cas échéant si nous serons capables de l’aider à devenir parent.
Le couple n’est pas une île, il évolue dans l’environnement familial, professionnel, scolaire etc. Il est absolument nécessaire de lui créer un espace pour qu’il puisse exister. Un peu de notre temps, un peu de communication, un peu d’écoute, un peu de tendresse et beaucoup d’amour, voici quelques ingrédients qu’il nous faut réunir pour parvenir à vivre en couple avec une famille.


Source : article de D.B. Almelle, ancienne conseillère conjugale

Publié dans Famille - Enfants

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